Vous hésitez entre micro-entreprise et EURL ? Un choix maladroit peut entraîner des charges fiscales excessives, des complications administratives, une protection insuffisante de votre patrimoine personnel ou des erreurs de TVA. Cet article décrypte les différences clés entre micro-entreprise et EURL pour votre activité : seuils, CA, déductibilité des charges (stock, publicité), TVA… Vous découvrirez comment éviter les pièges, optimiser votre fiscalité et choisir la structure adaptée pour une croissance durable et sereine.
Qu’est-ce qu’une micro-entreprise ?
La micro-entreprise est un régime simplifié qui permet de créer une activité rapidement et à moindre coût. Il s’adresse aux entrepreneurs individuels dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas certains plafonds, et qui souhaitent tester une activité sans se lancer immédiatement dans une structure plus lourde.
Le fonctionnement repose sur un principe clé : vous payez vos cotisations sociales et votre impôt sur le revenu en pourcentage de votre chiffre d’affaires. Aucune déduction de frais n’est possible, mais la simplicité de gestion est imbattable. Vous n’avez pas de comptabilité complète à tenir, seulement un livre de recettes (et, le cas échéant, un registre d’achats).
Pour 2025, les plafonds sont :
- 188 700 € pour la vente de biens, denrées ou hébergements (activités commerciales)
- 77 700 € pour les prestations de services (BIC/BNC)
👉 Ce régime est idéal pour un créateur de boutique Shopify qui démarre son activité seul, veut tester son concept, et préfère consacrer son énergie à ses ventes plutôt qu’à la paperasse.
Avantages principaux :
- Formalités de création très légères et gratuites.
- Comptabilité simplifiée et peu d’obligations administratives.
- Paiement des cotisations proportionnel au chiffre d’affaires (pas de revenu, pas de charges).
Limites :
- Plafonds de chiffre d’affaires stricts.
- Impossibilité de déduire ses dépenses réelles (ex : stock, publicité, outils Shopify…).
- Protection sociale limitée et pas de déduction pour les investissements.
Qu’est-ce qu’une EURL ?
L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) est une SARL à associé unique. Elle combine la simplicité d’une entreprise individuelle et la sécurité d’une société à responsabilité limitée. Cela signifie que votre responsabilité financière se limite au montant de votre apport : votre patrimoine personnel est protégé.
L’EURL est un statut plus structurant : il nécessite la rédaction de statuts, le dépôt d’un capital social (à partir de 1 €), et une comptabilité complète. En contrepartie, elle offre une gestion plus flexible des dépenses, des salaires et des bénéfices.
Le gérant associé unique peut être :
- Soumis à l’impôt sur le revenu (IR), comme un indépendant, ou
- Soumis à l’impôt sur les sociétés (IS), ce qui permet d’optimiser la rémunération entre salaire et dividendes.
Avantages principaux :
- Responsabilité limitée au capital social.
- Possibilité de déduire toutes les dépenses professionnelles.
- Accès au régime de TVA dès la création.
- Image plus crédible auprès des banques et partenaires.
Limites :
- Création et gestion plus complexes (statuts, comptabilité, frais de greffe).
- Cotisations sociales sur la rémunération (même sans chiffre d’affaires).
- Moins de souplesse qu’une SASU en cas de croissance rapide.
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Micro-entreprise ou EURL : quelles différences pour votre activité ?
Avant de créer votre entreprise, il est essentiel de choisir la bonne structure. Le régime de la micro-entreprise et la société EURL répondent à des logiques très différentes : simplicité contre structure, flexibilité contre solidité. Voici ce qu’il faut comparer pour faire le bon choix.
Tableau récapitulatif
|
Critère |
Micro-entreprise |
EURL |
|
Formalisme de création |
Simple déclaration en ligne sur le site de l’Urssaf |
Rédaction de statuts, dépôt de capital, immatriculation au greffe |
|
Responsabilité |
Illimitée (sauf résidence principale) |
Limitée aux apports |
|
Fiscalité |
Micro-fiscal simplifié (IR) |
IR ou IS selon option |
|
Charges sociales |
Pourcentage du chiffre d’affaires |
Sur rémunération réelle du gérant |
|
TVA |
Franchise de base possible |
Soumise à la TVA dès la création |
|
Comptabilité |
Ultra simplifiée (livre de recettes) |
Comptabilité complète (bilan, compte de résultat) |
|
Déduction des dépenses |
Non (forfait) |
Oui (charges réelles déductibles) |
|
Protection sociale |
Régime micro-social (indépendant) |
Régime TNS (Travailleur Non Salarié) ou assimilé salarié selon cas |
|
Évolution de l’activité |
Limitée par les plafonds |
Aucune limite de chiffre d’affaires |
|
Adaptée à |
Un test d’activité ou une petite boutique en ligne |
Une activité rentable, structurée ou en croissance |
Une EURL peut-elle bénéficier du régime micro ?
Oui, c’est possible sous certaines conditions. L’associé unique doit être une personne physique et gérant de l’entreprise, et le chiffre d’affaires doit rester sous les seuils légaux (188 700 € pour les ventes, 77 700 € pour les services).
Dans ce cas, les cotisations sociales sont calculées directement sur le chiffre d’affaires brut (environ 12,3 % pour la vente et 21,2 % pour les services). Si aucun chiffre d’affaires n’est réalisé, aucune cotisation n’est due. Ce régime permet aussi de bénéficier de l’ACRE durant la première année d’activité.
En revanche, cette option conserve les contraintes du régime micro : impossibilité de déduire les charges réelles, comptabilité simplifiée mais stricte, et sortie automatique du régime après deux années consécutives de dépassement des plafonds.
Cette possibilité, prévue par la loi Sapin II, offre un compromis intéressant entre la structure d’une société et la simplicité de la micro-entreprise.
Fiscalité et cotisations : quel impact sur votre revenu ?
Le calcul de l’impôt : abattement forfaitaire ou charges réelles
En micro-entreprise, l’État applique un abattement forfaitaire de 71 % pour les ventes. Vous ne payez donc des impôts que sur 29 % de votre chiffre d’affaires. Exemple : pour 60 000 € de chiffre d’affaires, seuls 17 400 € sont imposables.Ce système simplifie la déclaration mais ne prend pas en compte vos dépenses réelles. Si vos charges sont importantes, vous risquez donc de payer des impôts sur un bénéfice qui n’existe pas vraiment.
En EURL, les charges réelles (stock, publicité, outils, frais Shopify…) sont déduites du chiffre d’affaires. Exemple : avec 25 000 € de charges sur 60 000 €, le bénéfice imposable est de 35 000 €. Lorsque vos charges dépassent 71 % de votre chiffre d’affaires, l’EURL devient plus avantageuse fiscalement.
Autre exemple : un e-commerçant réalise 100 000 € de ventes pour 80 000 € de charges. En micro-entreprise, il est imposé sur 29 000 € ; en EURL, sur 20 000 €.
💡 À retenir : si vos dépenses sont faibles, le régime micro reste plus simple. Si elles sont élevées, l’EURL permet de réduire votre imposition. Un simple calcul peut vous faire économiser plusieurs milliers d’euros par an.
Impôt sur le revenu (IR) ou impôt sur les sociétés (IS) : un choix stratégique
L’un des atouts majeurs de l’EURL est de pouvoir choisir entre l’impôt sur le revenu (IR) et l’impôt sur les sociétés (IS).
- En IR, les bénéfices s’ajoutent à vos revenus personnels.
- En IS, c’est la société qui paie l’impôt sur ses bénéfices, indépendamment de votre revenu personnel.
Cette décision change profondément votre fiscalité. Avec l’IS, un taux réduit de 15 % s’applique sur les 42 500 premiers euros de bénéfices, puis 25 % au-delà. C’est souvent la solution la plus avantageuse pour les boutiques Shopify en croissance, car elle permet de réinvestir dans l’entreprise tout en limitant la pression fiscale.
Pour bénéficier du taux réduit, votre chiffre d’affaires doit être inférieur à 10 millions d’euros et au moins 75 % du capital doit être détenu par des personnes physiques.
🔎 Pour aller plus loin, consultez notre guide complet sur la fiscalité e-commerce.
Cotisations sociales : comment sont-elles calculées ?
En micro-entreprise, les cotisations sociales sont prélevées directement sur votre chiffre d’affaires encaissé, à un taux fixe de 12,3 % pour les ventes.Ce système est simple mais peut s’avérer coûteux si vos marges sont faibles, car vous payez sur le chiffre d’affaires, non sur le bénéfice.
En EURL, les cotisations dépendent du régime choisi :
- À l’IR, elles sont calculées sur le bénéfice.
- À l’IS, elles s’appliquent sur la rémunération du gérant.
Cela permet une meilleure optimisation sociale et fiscale, puisque vos cotisations reflètent vos revenus réels.
Le gérant d’EURL est affilié au régime des travailleurs non-salariés (TNS). Il ne cotise pas à l’assurance chômage, mais peut souscrire une assurance volontaire. Même sans revenu, des cotisations minimales restent dues, ce qui assure une certaine protection sociale.
Création et gestion au quotidien : simplicité contre structure
Les formalités de création : quelques clics ou un dossier complet ?
Créer une micro-entreprise se fait en quelques minutes en ligne sur le site du Guichet Unique. Choisissez votre activité (commerce, artisanat, profession libérale), remplissez le formulaire, et validez.Votre numéro SIRET est attribué rapidement, et un compte bancaire professionnel n’est pas obligatoire si vous réalisez moins de 10 000 € de chiffre d’affaires pendant deux années consécutives.
Pour une EURL, la création demande plus de préparation. Vous devez :
- Rédiger les statuts (seul, via une plateforme juridique, ou avec un avocat).
- Déposer 20 % du capital sur un compte bancaire professionnel (minimum 1 €).
- Publier une annonce légale (coût entre 123 et 146 €).
- Enregistrer la société sur le Guichet unique.
Les pièces à fournir incluent une pièce d’identité, un justificatif de domicile et un certificat de dépôt de capital. Après validation du dossier en ligne, vous recevez votre extrait Kbis sous 10 à 15 jours.
Les coûts de démarrage : de la gratuité à plusieurs centaines d’euros
La micro-entreprise est imbattable en termes de coût :
- Création gratuite (aucune taxe de greffe ni publication).
- Idéale pour tester un projet sans risque financier.
-
Dépenses facultatives pour un site web :
- Nom de domaine : environ 10 €/an
- Dépôt de marque à l’INPI : 190 €
- Création d’un site e-commerce basique : à partir de 1 000 €
En EURL, les frais de création se situent généralement entre 200 et 500 € (annonce légale, RCS, dépôt du dossier). Si vous faites appel à un avocat pour la rédaction des statuts, prévoyez 800 à 1 500 € supplémentaires. Le capital social minimum est de 1 €, mais 20 % doivent être déposés dès la création.
⚠️ Attention : ignorer les formalités légales expose à des amendes et à des risques juridiques. Des CGV non conformes ou des mentions légales manquantes peuvent entraîner jusqu’à 15 000 € de sanctions.
Les obligations comptables : un cahier de recettes ou un expert-comptable ?
En micro-entreprise, la gestion comptable est ultra simplifiée :
- Tenue d’un livre de recettes et, le cas échéant, d’un registre des achats.
- Déclaration du chiffre d’affaires chaque mois ou trimestre sur le site de l’Urssaf.
- Aucun bilan ni compte de résultat à produire.
Si vous dépassez 188 700 € de CA (vente de biens) ou 77 700 € (services), vous basculez automatiquement vers un régime réel d’imposition. Tant que vous restez sous les seuils de franchise, vous n’appliquez pas la TVA, ce qui simplifie vos ventes et vos factures.
En EURL, la gestion est plus exigeante :
- Comptabilité complète conforme au Plan comptable général (journal, grand-livre, bilan annuel).
- Dépôt des comptes au greffe dans le mois suivant la clôture.
- Recours à un expert-comptable fortement recommandé (comptez 875 à 1 700 € par an).
⚠️ À ne pas négliger : une erreur de TVA peut entraîner des pénalités de 10 % et des intérêts de retard, voire jusqu’à 500 000 € d’amende et 5 ans de prison en cas de fraude avérée.
Penser à l’avenir : potentiel de croissance et flexibilité
Dépasser les seuils de la micro-entreprise : une contrainte qui devient une opportunité
Atteindre ou dépasser les plafonds de la micro-entreprise n’est pas un échec : c’est le signe que votre activité se développe. Cette étape marque souvent le moment où il faut repenser la structure juridique pour sécuriser vos revenus et soutenir votre croissance.
Les plafonds actuels sont de 77 700 € pour les prestations de services et 188 700 € pour les ventes de biens. Si vous dépassez ces seuils pendant deux années consécutives, vous basculez automatiquement vers le régime réel.
👉 Exemple : une boutique en ligne qui réalise 200 000 € de chiffre d’affaires ne peut plus rester sous le régime micro. En passant au réel, elle pourra déduire ses dépenses réelles (livraison, publicité, logiciels, achats de stock…), ce qui réduit l’impôt à payer. Dès que vos coûts dépassent l’abattement forfaitaire (71 % pour la vente), le régime réel devient plus avantageux fiscalement.
S’associer ou recruter : les limites naturelles de la micro-entreprise
La micro-entreprise ne permet ni d’avoir d’associés, ni d’accueillir des investisseurs. Elle convient parfaitement à une activité individuelle, mais atteint vite ses limites dès que l’on souhaite se développer.
Voici quelques signaux qui indiquent qu’il est temps de changer de statut :
- Votre chiffre d’affaires approche des plafonds (188 700 € pour la vente).
- Vos charges réelles (logistique, publicité, outils, prestataires) dépassent l’abattement.
- Vous envisagez d’embaucher ou de faire entrer un investisseur pour accélérer votre croissance.
- Vos bénéfices dépassent 50 000 € par an et vous cherchez une meilleure optimisation fiscale.
Passer en EURL (ou en SARL si vous ajoutez un associé) permet de protéger votre patrimoine personnel : en cas de litige, seule la somme investie dans l’entreprise est engagée. Cette structure renforce aussi votre crédibilité auprès des partenaires comme Amazon, eBay ou les banques.
💡 Mise en action : anticipez votre passage de la micro-entreprise à l’EURL avant de dépasser les plafonds. Cela évite les régularisations fiscales imprévues.
Micro-entreprise ou EURL : comment faire le bon choix ?
La micro-entreprise est faite pour vous si…
Vous lancez une activité test avec un chiffre d’affaires encore modéré. La micro-entreprise simplifie toutes les démarches : inscription en ligne rapide, formalités réduites et aucun besoin d’expert-comptable.
Si vos charges représentent moins de 30 % de votre chiffre d’affaires, le régime micro reste très avantageux grâce à l’abattement forfaitaire appliqué sur vos revenus.
Ce statut convient particulièrement aux boutiques en ligne qui débutent :
- Peu ou pas de stock à gérer.
- Charges légères (hébergement, outils, publicité).
- Franchise de TVA permettant d’afficher des prix plus compétitifs.
💡 Exemple : un créateur qui vend des objets artisanaux fabriqués par des fournisseurs externes peut tester son activité sans prendre de risque financier. La micro-entreprise lui permet de se concentrer sur la vente, pas sur l’administratif.
L’EURL est plus adaptée si…
Votre chiffre d’affaires dépasse 77 700 € (prestations) ou vos charges deviennent importantes (stock, logistique, publicité). En EURL, vous pouvez déduire toutes vos dépenses réelles, ce qui optimise votre fiscalité.
Autre avantage majeur : la protection de votre patrimoine personnel. En EURL, votre responsabilité est limitée à vos apports. Vous ne risquez donc pas vos biens personnels, même en cas de difficulté. C’est un atout essentiel pour les e-commerçants qui investissent dans du stock, des locaux ou du matériel.
L’EURL devient également un levier de croissance :
- Structure évolutive si vous souhaitez accueillir un associé ou un employé.
- Choix entre impôt sur le revenu (IR) ou impôt sur les sociétés (IS) selon votre stratégie.
- Image plus solide auprès des banques et investisseurs, facilitant les financements ou partenariats.
La décision finale vous appartient
Aucun statut n’est intrinsèquement meilleur qu’un autre : tout dépend de votre phase de développement et de vos objectifs à moyen terme.
Avant de choisir, posez-vous ces questions :
- Quel chiffre d’affaires anticipez-vous sur les deux prochaines années ?
- Vos charges dépasseront-elles 30 % de votre chiffre d’affaires ?
- Souhaitez-vous vous associer ou recruter à court ou moyen terme ?
- Préférez-vous la simplicité administrative ou une fiscalité optimisée ?
💡 En résumé : la micro-entreprise est un tremplin pour démarrer rapidement, tandis que l’EURL s’impose comme un cadre durable pour structurer et faire croître votre activité e-commerce.
FAQ : micro-entreprise ou EURL ?
Quelle est la différence entre une micro-entreprise et une EURL ?
La micro-entreprise n'est pas une forme juridique, mais un régime fiscal simplifié appliqué à une Entreprise Individuelle (EI). En résumé, la micro-entreprise se résume à une activité individuelle, tandis que l'EURL crée une entité juridique séparée.
Quel est le meilleur statut pour payer moins de charges ?
Le choix dépend de votre situation. Pour les activités avec des charges élevées, l'EURL est souvent plus avantageux.
Quels sont les inconvénients d'une EURL ?
L'EURL présente quelques inconvénients : son coût de création est plus élevé (environ 200-500 €) et les formalités administratives sont plus lourdes qu'en micro-entreprise, avec des déclarations régulières et des obligations comptables strictes.
Pourquoi passer de micro-entreprise à EURL ?
Vous pouvez choisir de passer à l'EURL pour plusieurs raisons. Si votre chiffre d'affaires approche les plafonds de la micro-entreprise (188 700 € pour la vente), ou si vos charges réelles dépassent l'abattement forfaitaire, l'EURL vous permet de déduire ces frais et d'éviter les limitations.
Quel est l'inconvénient d'une micro-entreprise ?
Le principal inconvénient de la micro-entreprise est l'impossibilité de déduire vos charges réelles (achats, publicité, logistique).
Quel statut pour ne pas payer d'Urssaf ?
Aucun statut permet de ne pas payer de cotisations. Tous les entrepreneurs doivent cotiser à la sécurité sociale.





